ASSOCIÉ
Bulletin
Mercredi, je porte de l’orange
29 Septembre 2020
Souvenons-nous des survivants des pensionnats autochtones et rendons-leur hommage
Le 30 septembre, nous célébrons la Journée du chandail orange, mouvement qui a vu le jour en 2013 en Colombie-Britannique pour rappeler l’existence des pensionnats autochtones, rendre hommage aux survivants et à leur famille, témoigner de leur parcours vers la guérison et s’engager dans le processus de réconciliation.
Cette journée nationale est une invitation à établir un véritable dialogue sur les répercussions des pensionnats et les séquelles qu’ils ont laissées. Elle vise à rendre hommage aux survivants et à réaffirmer leur importance.
La date est importante, car c’est au début de l’automne que les enfants étaient retirés de leur famille pour être placés dans les pensionnats. Elle permet aussi de situer le débat sur la mise en place de politiques contre le racisme et l’intimidation en vue de la nouvelle année scolaire. Elle est l’occasion pour les Premières Nations, les conseils municipaux, les écoles et les collectivités de se rassembler dans un esprit de réconciliation et d’espoir pour les générations à venir.
La Journée nationale du chandail orange est peut-être reconnue depuis 2013, mais, dans les faits, l’idée a germé en 1973, quand Phyllis Webstad, fillette alors âgée de six ans, a été amenée au pensionnat de St. Joseph Mission, près de Williams Lake, en Colombie-Britannique.
« Je vivais avec ma grand-mère dans la réserve Dog Creek. Nous n’avions jamais beaucoup d’argent, mais ma grand-mère avait quand même réussi à m’acheter des vêtements neufs pour aller à l’école. Je me souviens de notre visite au magasin Robinson pour y choisir un chandail orange vif, dont le devant était orné de cordelettes entrelacées. Sa couleur était tellement éclatante!
C’est comme ça que je me sentais à l’idée d’aller à l’école. Quand je suis arrivée au pensionnat, on m’a déshabillée, et on a pris mes vêtements, y compris mon chandail orange! Je ne l’ai jamais remis. Je ne comprenais pas pourquoi on refusait de me le rendre. C’était à moi! La couleur orange m’a toujours rappelé cet épisode, à quel point mes émotions ne comptaient pas, à quel point personne ne s’en préoccupait, et à quel point j’avais l’impression que je ne valais rien. Nous, les petits, nous pleurions, mais personne ne s’en souciait. » – Phyllis Webstad
La Journée du chandail orange a peut-être vu le jour en Colombie-Britannique, mais elle est d’abord une journée nationale de commémoration et de réconciliation, qui permet de reconnaître les souffrances et la force des peuples autochtones d’un océan à l’autre.
L’adoption de résolutions en appui à la Journée du chandail orange par les conseils municipaux, les gouvernements provinciaux et les conseils scolaires est très encourageante.
Le 30 septembre, nous invitons nos confrères et consœurs du STTP à porter un vêtement de couleur orange et à écouter attentivement les témoignages des survivantes et survivants et de leurs familles, et à se souvenir de celles et de ceux qui n’ont pas survécu.
Solidarité,
Dave Bleakney
2e vice-président national
Au nom du groupe des travailleuses et travailleurs autochtones
J’AI VERSÉ DES LARMES SÈCHES
par William Sewepagaham,
survivant d’un pensionnat autochtone
Jadis quand je me faisais mal
Je versais des larmes mouillées.
Jadis quand je me sentais seul
Je versais des larmes mouillées.
Quand j’étais souffrant je versais des larmes mouillées
Ma mère apaisait mon mal.
Quand les autres enfants me taquinaient, je versais des larmes mouillées
Ma mère les essuyait.
Un jour des étrangers m’ont emporté
J’ai voyagé pendant des jours et des nuits par bateau et par train.
Ce fut un long voyage solitaire et terrifiant
J’ai versé bien des larmes mais il n’y avait pas de bras pour me consoler.
Au bout d’un grand nombre de jours et de nuits, j’ai gagné un lieu étrange
J’ai songé à la chaleur de mon tipi chez moi.
J’ai vu des étrangers semblables à des pingouins dans un labyrinthe
Le soir allongé sur un lit de fer j’ai pleuré jusqu’à ce que le sommeil me prenne.
J’ai passé bien des jours et des nuits dans cet endroit sinistre
J’ai versé bien des larmes allongé seul dans ce lieu obscur.
Au bout d’un grand nombre de jours et de nuits, mes larmes se sont taries
Mes yeux n’en versaient plus quand je m’allongeais tout seul.
Quand ma mère est morte
Je l’ai embrassée mais aucune larme n’est venue.
Alors qu’on descendait son cercueil, je suis resté de marbre
J’ai voulu pleurer mais je n’avais plus de larmes, seulement des reproches.